Suis-je capable de modifier un patron en profondeur, de manière à conserver la forme générale, mais pour en faire un vêtement très différent de l’original ? J’ai décidé de me lancer un défi et de répondre à cette question, tout en réalisant un vêtement que je veux ajouter à ma garde-robe depuis longtemps : un veston de costume.
La semaine dernière, j’évoquais à la fois le groupe des Storytellers de la marque de patrons Twig + Tale et le fait que la couture m’a permis de me libérer de beaucoup de complexes et de guérir certaines blessures qui remontent à l’adolescences. Ce projet s’inscrit dans ces deux axes !
D’abord parce que j’ai longtemps pensé que je ne pouvais pas porter de veston, impossible que ça puisse m’aller, je suis trop ronde. C’est idiot de penser ça, non ? Pourtant, j’en était sûre. Jusqu’à ce que je vois la Veronica Vest de Just Pattern, sur l’incroyable Lilli de Frocks and Froufrou. À noter que Just Pattern est, à ma connaissance, une marque française… et l’une des rares qui propose vraiment une gamme de taille étendue. Je suis archi saoûlée des marques de patrons qui ne vont pas au-delà du 46 dans leurs collections. C’est, au mieux, de la paresse, au pire de la grossophobie. Mais fermons la parenthèse.
Je ferai un jour la Veronica de Just Pattern, parce qu’elle est superbe. Pour cette fois, cependant, je voulais un défi. Je voulais aussi réaliser un projet pour Twig + Tale, dans le cadre de la Storytellers Team, puisque je me suis engagée à réaliser quatre projets d’ici le mois de novembre. J’ai jeté mon dévolu sur la Pathfinder Vest.
Modifier un patron en profondeur !
La Pathfinder Vest de Twig + Tale est normalement une veste sans manche prévue pour l’extérieur. On est à la fois proche et loin du veston. Sur les conseils du groupe des Storytellers, j’ai coupé une taille en dessous de ma taille normale. Le patron est conçu, à la base, pour être porté par dessus d’autres vêtements, il y a donc de la place ! J’ai fait ce que je ne fais jamais : de vraies toiles. Cousues dans du coton non teint, basique et bon marché, pour faire une première version qui aurait forcément besoin de modifications. Ça n’a pas loupé !
Bilan du premier essai : trop grand et trop long ! Dès cette première version, j’avais redessiné le patron pour obtenir les bouts « pointus » en bas du veston, mais ça arrivait beaucoup, beaucoup trop bas. Porté sur une simple chemise, on dirait que j’ai trois couches de vêtement en dessous, tellement c’est ample. La découpe princesse sur le devant devait aussi être modifiée, tout comme l’emmanchure. J’ai aussi abaissée le col en V, que je voulais un peu plus profond que sur la Pathfinder Vest originelle.
Je me suis remise à mon bureau, équipée de mes règles, perroquets et autres outils qui me sont devenus indispensables pour tracer des lignes de patrons. La deuxième tentative était déjà nettement mieux.
Au début, j’ai envisagé la piste de la paresse : couper cette deuxième version dans mon tissu final, persuadée que j’avais tout réglé dès le premier essayage. Je me suis finalement rappelée que le but de l’exercice était justement de prendre son temps, d’être minutieuse et précautionneuse. J’ai donc fait une seconde toile. Si je remontais le temps et que je disais à la Lisa de 2020, celle qui débutait la couture, qu’un jour je prendrais le temps de coudre DEUX toiles, elle me rirait au nez ! Et pourtant, encore une fois, ce fut la bonne stratégie.
Presque bon… mais pas encore ! L’emmanchure était encore trop serrée, alors je l’ai carrément découpée dans ma toile, pour obtenir le résultat escompté. J’avais décidée entre-temps que je la voulais bien plus basse et plus profonde que sur la Pathfinder Vest. J’ai rajouté un peu d’aisance dans le dos, car j’avais trop réduit le patron, mais j’ai enlevé un bon centimètre au niveau de la taille, encore trop large à mon goût.
Enfin, à ce moment-là, j’ai pu me lancer dans ma version finale.
Coudre ma version veston de la Pathfinder Vest
J’ai d’abord coupé et assemblée la doublure, ce qui me permettait quelques rattrapages de dernière minute, parce que je n’avais pas l’énergie ni le temps pour une troisième toile. Ils n’ont finalement pas été nécessaires, ces rattrapages, tout tombait comme je l’espérais. Bye bye la Pathfinder Vest, hello mon tout nouveau veston !
Après avoir passé des heures à retravailler le patron, après avoir cousu deux toiles… la couture de la version finale m’a paru très rapide, d’autant plus que j’ai éliminé les poches, les froufrous au niveau des manches et la capuche qui sont prévus dans le patron de base. Je pense qu’il ne m’a fallu que quatre à cinq heures pour tout assembler, ce qui est particulièrement rapide pour moi.
Elle est encore un peu ample, mais c’était un choix. Je finirai sans doute par travailler, de nouveau, le patron, pour faire une version plus ajustée et plus fidèle à la coupe qu’on attend d’un veston en bonne et due forme. Je n’aime pas les vêtements trop près du corps, je me suis dis que si c’était plus serré que ça, je ne le porterai pas. Au final, c’est un poil trop grand.
Je suis quand même ravie. C’est clairement une super addition à ma garde-robe, que je peux porter à la fois avec une jupe, coordonnée ou non, pour un look un peu travaillé, ou sur un jean, sans rien dessous, de manière plus cool. Les emmanchures sont un chouïa grande, on voit donc un peu mes sous-vêtements, mais il n’y a rien d’indécent donc je m’en fiche.
Avec le printemps qui s’installe et l’été qui approche, mon veston ne restera pas très très longtemps dans ma garde-robe. Même en ne portant rien en dessous, ça reste un vêtement doublé et plutôt inconfortable en cas de fortes chaleurs. Surtout que la doublure est synthétique, donc vraiment pas agréable en contact direct avec la peau quand il fait chaud !
Les tissus
C’est une autre source de satisfaction pour ce projet : j’ai utilisé des restes de tissus qui traînaient dans mon stock. J’ai la fâcheuse tendance de toujours prendre un peu plus de tissu que ce qui est nécessaire pour un projet : si le patron recommande 1m50, je prends 2m. On ne sait jamais, des fois que je me loupe en coupant une pièce (c’est déjà arrivé et pas qu’une fois !), des fois que le tissu réduise beaucoup au pré-lavage (c’est du vécu aussi). Dans le doute, je prends un peu plus.
Il arrive souvent aussi que j’achète du tissu sans un projet précis en tête. Dans ce cas, je prends 3m, ça me permet de rentrer à peu près n’importe quel projet. Si je décide d’utiliser le tissu pour un patron peu gourmand en matière, je me retrouve avec des chutes plus ou moins importantes.
Il me restait donc ces deux tissus : la doublure est celle que j’ai utilisé pour l’Overland Cloak et le tissu principal m’a servi à réaliser ma toute première Meadow Skirt, que je porte sur ces photos. Deux patrons de… Twig + Tale. Le symbole m’a plu.
En plus de ça, je sais déjà comment se « comportent » ces deux tissus. Si quelque chose n’allait pas sur ma nouvelle version de la Pathfinder Vest, je pouvais donc éliminer les problèmes liés aux tissus, puisque je les connais déjà. C’était une prise de risque de moins, sur un projet qui m’a demandé beaucoup de travail et de réflexion.
C’était, en tout cas, une super expérience. J’ai l’impression d’avoir passé un cap dans ma pratique de la couture. J’hésiterai moins souvent à modifier un patron, parfois de manière importante, parce que je sais que c’est un processus agréable et satisfaisant. J’ai aussi l’impression d’avoir progressé dans ma manière de comprendre les patrons et comment les pièces interagissent entre elles. Je travaille aussi un peu plus vite, maintenant. Prendre un patron de base et le modifier de manière très importante est un excellent exercice, surtout quand on est dans la catégorie « débutant ++ », plus tout à fait novice, mais pas encore un vrai intermédiaire. C’est un très bon moyen de progresser.
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