6 mois sur un campus américain

8 novembre 2015
Éva reprend les rênes d’Agaramundia pour quelques semaines ! Elle vous emmène pour son voyage aux États-Unis : six mois d’échange universitaire au pays du country !

Comme un grand nombre d’étudiant, j’ai eu la possibilité de réaliser un semestre d’étude à l’étranger. Depuis toujours j’avais ce rêve de vivre l’expérience américaine, de faire comme dans les films. J’ai travaillé dur et j’ai été prise à Belmont University à Nashville dans le Tennessee. C’est ainsi que je suis partie m’expatrier une demi année dans la capitale de la country – pour les amateurs de chapeau de cowboy et santiags c’est une évidence mais pour les autres il faut le préciser. C’est donc tout naturellement que je me suis retrouvée dans une université de musique.. Oui oui, moi qui travaille dans un cabinet d’audit et qui n’a jamais joué d’un instrument. Je vais vous présenter ici mon vécu d’étudiant étranger, si vous voulez un aperçu de Nashville, alors c’est plutôt par ici.

Comment vous présenter six mois d’une expérience internationale ? J’ai tellement de choses à vous dire. Commençons par le commencement.

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Le campus Américain

On utilise pas l’expression un « campus à l’américaine » au hasard. Non, non. Un campus à l’américaine ça veut dire que toute votre vie d’étudiant se passe dans un seul et même endroit: votre campus. C’est en réalité une mini-ville. Vous trouvez tout sur place en version étudiante. Vous avez évidement vos dortoirs, appelés « dorms », ou se crée un véritable esprit d’équipe (go TK!), mais aussi votre cantine (believe me, rien à voir avec une cantine française), vos salles de classes (attendez de voir les bâtiments), quelques commerces (trop bête je suis partie juste avant que Starbuck s’installe), tous les équipements sportifs que vous souhaitez (très peuplé en début d’année, carrément vide à la fin du semestre), votre boutique spécial Belmont (oui oui j’ai investi dans un jogging, un t-shirt et une casquette Belmont, devinez combien de fois je les ai porté !). Bien évidement les alentours du campus sont fortement orientés pour les étudiants. On y trouve tout un tas de fast-food que l’on peut régler avec sa carte étudiante, mais aussi pleins de petits restos abordables.

Le bonus en étant dans une université de musique c’est qu’il existe plusieurs salle de concert au sein même de l’école, plus ou moins grande, pour que les étudiants s’expriment ou réalisent des spectacles. Et ça c’est top ! Vous imaginez ? Je pouvais aller manger à la cantine (encore une fois, c’est pas une cantine française!), voir un concert, puis rentrer dans ma chambre, le tout à pied, sans quitter le campus.

Pour le traverser d’ailleurs le campus, il fallait bien penser à partir en avance ! Pas de départ rapide 2 minutes avant le cours. On peut avoir facilement 15/20 minutes de marche pour aller d’un endroit à un autre. Beaucoup prennent d’ailleurs le vélo, les plus feignants leur voiture (si si je vous assure). Belmont University fait partie des petits campus, je vous laisse imaginer les distances pour les autres.

Music

Ça signifie quoi de vivre dans un « dorm » ?

Partir quand on a 23 ans c’est pas forcément évident. J’avais mon appartement, je payais mes factures, m’occupait de mes courses. Une vie normale. Et devoir partager sa chambre et sa salle de bain avec de parfait inconnus après avoir connu l’indépendance.. Ouille. Il y a eu un moment d’adaptation. J’ai eu beaucoup de chance, ma colloc était aussi une étudiante étrangère, du Danemark, et on est très vite devenue très amies. Les deux américaines avec qui on partagait notre salle de bain étaient sympas, mais ça reste tout de même difficile de converser avec deux gamines de 18 ans (oui parce qu’à 23 ans on est vraiment beaucoup plus mature qu’à 18… oui.. si…si je vous dis !), qui sortent de chez leurs parents et qui découvrent la vie pour la première fois. Le choc pour elles n’a pas du être trop terrible puisqu’on est quand même très materné. Pas de visiteurs sans en informer les responsables (oh la belle lettre écarlate sur la porte quand vous avez la visite d’un garçon !), pas de bruit, pas d’alcool (oh mon dieu le péché incarné !), pas de multiprise. Vous avez bien lu. Pas de multuprise. Et les châperons rentrent dans vos chambres, que vous soyez la ou pas, et vous dérobent (pour moi c’était du vol) vos objets interdits. Il y a tout de même un esprit de cohésion qui se créé, auquel on a pas trop participé, mais sur le principe c’est quand même chouette de pouvoir compter sur ses voisins.

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Funny fact

Notre campus a décidé d’être désormais un campus « green », et pour cela, ils ont bannis les bouteilles d’eau en plastique sur le campus pour nous pousser à prendre des bouteilles « refill ». Seulement, quid des autres boissons ? Nous avons donc un campus qui ne propose QUE des sodas à ses étudiants. Que disait Voltaire ? Il n’y a pas de mal dont ne naisse un bien..

Le choc culturel

Pour vous dire la vérité, j’étais un peu naïve en partant. Je me disais que, tout de même, entre pays occidentaux, de niveaux économiques similaires, les différences culturels ne devaient pas être si importantes. Mea culpa. Faux sur toute la ligne. Je n’aurai jamais cru que le choc soit si grand.

Tout dans le comportement des américains m’a extrèmement irrité au départ. Le temps de la tolérance est venu bien plus tard. On dit souvent qu’ils sont hypocrites et de premier abord, c’est l’impression que nous avons en tant que bons européens. Le « paraître » est très important pour eux. Il faut donner l’impression d’être concerné, de s’inquiéter, d’être proche, alors qu’en réalité ce n’est pas le cas. Cette fausse sympathie qui nous parait tellement forcée et donc complètement hypocrite, et c’est tout les américains qui l’affichent. Avec le temps on finit par comprendre que ce n’est pas hypocrite, ils sont réellement comme ça. Ils sont « so excited » pour tout et rien et ne vivent que par les extrèmes de chaque sentiment. Ils aiment ou ils détestent, la nuance est surperflus. Et c’est d’autant plus vrai avec les étrangers. Le fait d’être française aux Etats-Unis est un bonus. Ils connaissent tous quelques mots (étonnement c’est « couci-couca » qui revient beaucoup !) et adorent Paris. Oui parce que tous les français sont parisiens, le reste n’est qu’étendue de terre à perte de vue.

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Les américains ont-ils vraiment une si mauvaise culture générale ?

Malheureusement, le niveau de culture générale des américains n’est pas un mythe. Du moins pas dans le sud. Ma coloc, venant donc du Danemark, n’a pas trouvé une seule personne « excited » par sa nationalité, parce que la moitié n’en avait jamais entendu parlé, l’autre moitié pensait que c’était la capitale de la Suède. Il y a eu cette étudiante qui était totalement choquée par mon clavier français (mais c’est quoi ces signes !), celle qui ne savait pas qu’en Angleterre on paye avec des « pounds » et appelait ça « UK money ». Le moment ou je me suis un peu emportée c’est quand une américaine me disait qu’elle était une fan de Nelson Mandela mais n’avait jamais entendu parlé de l’apartheid.

Je m’en voudrais de ne donner que des critiques sur les américains. Ils ont tout de même le sens du service plus bien développé que nous français. Vous pouvez arrêter quelqu’un dans la rue pour lui demander de l’aide et il/elle s’arrêtera toujours (ok peut-être pas à New York). Ils sont généreux et aimables, et quand vous vous retrouvez toute seule dans un pays inconnu avec absolument aucun repères, c’est très appréciable.

Les cours

Ah le fameux mythe de l’échange universitaire. Travaille-t-on vraiment ? Fait-on la fête 24 heures sur 24 ? Pour tout vous dire ça ne dépend que de vous. J’ai toujours été studieuse et donc naturellement aux Etats-Unis, ça ne m’est pas venu à l’idée de négliger mes cours. J’ai donc étudié comme en France. Ni plus, ni moins. Et j’ai fait la fête comme en France, ni plus, ni moins. Bon ok c’est pas tout à fait vrai, à l’étranger, entre étudiant expat’, on fait plus la fête que d’habitude, c’est vrai.

Quant au niveau des cours. Bon la, je vous parle d’une université lambda, j’ose espérer qu’à Harvard et autres Ivy League le niveau est supérieur. Disons que tout est prémaché pour vous. On a beaucoup plus d’examens qu’en France, donc beaucoup de chance de se rattraper et la plus mauvaise note est automatiquement supprimée. A chaque examen, le professeur nous donne une « guideline » des notions précises à réviser pour le test et il n’y a jamais de piège. Bien évidement, c’est un QCM. S’ils proposent des sujets de dissertation, ce n’est jamais imposé. Comment vous dire que pour avoir des mauvaises notes il faut vraiment le vouloir. La seule petite différence c’est que ce n’est que du travail personnel. Le cours est une discussion sur les lectures réalisées au préalable. Forcément, vous si êtes d’un naturel un peu feignant, personne ne vous poussera à faire vos devoirs, et forcément vous pouvez ne pas valider votre semestre. Mais en faisant le strict minimum, vous devriez passer with flying colors !

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La junk food

Attaquons nous à un autre cliché sur les Etats-Unis. La junk food. Sans plus attendre, mon constat: oui vous avez beaucoup plus de nourriture malsaine à dispotion, mais vous avez toujours une option « healthy ». Pourquoi les américains sont-ils obèses dans ce cas ? Parce qu’il ne choississent jamais, au grand jamais, l’option de la nourriture équilibrée.

En vous disant que la cantine de mon campus n’était en rien l’équivalent d’une cantine française, je ne parlais pas du décor. C’est un self, avec tables et chaises, très banals. Par contre, c’est l’offre qui est complètement dingue ! Bien évidement, on avait tous les jours le choix entre hamburger, pizza, sandwich, frites et tous types de sodas. En illimité. Vous avez également un stand « ethnic food » qui propose 80% du temps de la nourriture mexicaine, donc tout aussi grasse que les pizzas et burgers réunis. Pour finir, vous avez une « salad bar » avec un choix assez impressionnant pris d’assaut par tous les étudiants étrangers, et désertés par les américains. Au dela de la cantine, le campus est entouré de fast-food en tout genre. Chez nous quand on dit fast-food, on pense à McDonald. Mais aux Etats-Unis, McDo n’est qu’un parmi les autres. Il en existe un nombre incalculable. Certains se prétendent « healthy » mais 90% d’entre eux sont dans la même veine que le clown rouge. Ils pululent autour des centres étudiants et ont un succès incontestable puisque les étudiants américains ne cuisinent pas, même ceux qui ont une cuisine. C’est tout à fait normal d’acheter ses trois repas de la journée à l’extérieur.

Un autre sujet très connu, l’alcool. Oui, aller aux USA avant 21 ans c’est pas chouette. N’étant pas une fêtarde invetérée, ce n’est pas un sujet qui me passionne. Ce qui est désagréable en revanche c’est de devoir se justifier à chaque verre de vin au restaurant, à chaque bierre dans un pub, à chaque achat dans les magasins. C’est assez lourd et ça en devient franchement ridicule (une fois un serveur m’a refusé ma carte d’identité sous pretexte qu’il ne parlait pas français, une date en chiffre, ça ne se traduit pas..Duh !).

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Le sport étudiant

En France, pour devenir sportif professionel, c’est en dehors des heures de cours. Aux Etats-Unis c’est inclus dans le parcous. Les tournois universitaires sont suivis comme les tournois pro et sont la « période d’essai » des futurs athlètes de demain. C’est pris extrèmement au sérieux. Les universités proposent des bourses plus que généreuses pour des joueurs prometteurs dans l’espoir de faire brillet son équipe. Les sportifs sont les populaires du campus et les pom-pom girls en sont les girlfriends attitrés. Ca parait presque trop cliché, et pourtant c’est vrai. L’avantage que j’ai eu, c’est d’être dans une petite université, de musique de surcroit. J’ai donc un peu échappé à tout ça. J’avais plus de gens aux cheveux roses avec des clous partout. Il faut cependant reconnaître qu’il y a une ambiance incroyable ! Toute l’université soutient ses équipes et les stades sont rarement vides. Il y a une espèce d’engouement généralisé et une solidarité incroyable. Nul besoin d’être sportif soi-même. Les sports stars aux Etats-Unis sont le football américain, le basketball, le baseball et le hockey. La plupart des universités ont une équipe de chaque et le niveau est très élevé.

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Pour conclure, je tiens à préciser que j’ai eu une expérience dans le sud des Etats-Unis (la culture du sud étant très particulière et différente des mégalopoles). Quelqu’un qui est parti à New York, Los Angeles ou Miami auront des retours très différents. J’ai adoré mon séjour, plus les années passent et plus les mauvais souvenirs s’effacent pour ne garder que les bons. C’est assez difficile de résumer 6 mois d’échange, j’espère avoir pu vous donner envie. Ce voyage m’a tout de même permis de réaliser à quel point j’étais française et à quel point j’aimais mon pays. Je suis revenue plus patriote que jamais, déterminée que nous avons décidement un très beau pays avec énormément de qualité. Pour le savoir, il faut partir..

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