Bernina Express

9 juillet 2017

Les histoires d’amour, c’est comme les voyages en train. C’est pas moi qui le dit, c’est Grand Corps Malade. Le Bernina Express a en effet quelque chose de très romantique, avec ses paysages qui vous accélèrent les battements de coeur. Impossible de rester de marbre quand les wagons rouges progressent paresseusement au milieu des pins vert émeraude, quand la locomotive serpente avec fluidité à flanc de montagne.

Sans être une amoureuse des trains, je suis éprise de voyage et rien n’évoque le voyage mieux que les trains. Une liste des plus beaux parcours ferroviaires du monde traîne dans un coin de ma tête et j’entends bien en faire l’expérience, les uns après les autres. Alors quand mon chef a dit : « tu vas à Dijon pour trois semaines », quelque cellules grises dans mon cerveau se sont agitées. Dijon, ce n’est pas si loin de la Suisse. Et en Suisse, il y a le Bernina Express et le Glacier Express !

Je n’ai clairement pas le temps de faire les deux, il faut choisir l’un ou l’autre. Am, stram, gram, pic et pic et colégram : Bernina Express ! Le plus haut train d’Europe, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Il grimpe jusqu’à 2 253 m et il offre une vue magique sur l’extérieure grâce à ses vitres panoramiques qui montent jusqu’au toit. Par miracle, je ne travaille pas le weekend de la Pentecôte. Trois jours, ce sera parfait.

Départ : Coire, en suisse

bernina express

Le Bernina Express part de la ville de Coire (Chur en VO), dans la région romanche de la Suisse. Le départ de Dijon ne se passe pas dans les meilleures conditions. D’abord je ne trouve pas mon passeport, qui réapparaît 45 minutes plus tard, après quelques prières à Saint Antoine. Ensuite, il fait très, TRÈS humide et la pluie menace. De Dijon à Coire, il faut quatre heures de route. À cause de divers bouchons, il m’en faudra cinq. J’arrive vers 15h30, déjà fatiguée et agacée. Bouygues m’informe que je peux utiliser mon téléphone en Suisse, mais il bloque complètement le réseau : impossible de faire fonctionner mon GPS. Grâce aux panneaux, je trouve le centre-ville, mais impossible de localiser mon hôtel. Tous les parkings sont horriblement chers et dans une partie d’entre eux, il faut payer à l’avance, en pièce. Or, le distributeur de billet ne m’a donné qu’un billet de 100 CH. Je finis par dénicher mon hôtel, où j’apprends que la chambre que j’ai réservé a « salle de bain et toilettes partagés ». Ah bon ? Alors non seulement ce n’était absolument pas clair sur la réservation, mais la chambre coûte quand même 65 euros. Tout me semble hors de prix en Suisse et la mauvaise humeur me gagne.

Passés ces énervements, je prends enfin le temps de me balader à Coire. Je ne vais pas vous mentir : je ne suis pas sous le charme. Le guide du Bernina Express vante « les chasseurs paléolithiques » qui ont fait une halte à Coire il y a quelques 11 000 ans avant JC, sa « vieille cathédrale de 800 ans d’âge »… Je veux bien admettre que c’est agréable et que c’est plutôt joli, mais c’est loin d’être renversant. Cela dit, ça vaudrait le coup de passer plus de temps : dans le centre piéton, il y a de très jolies façades et des magasins charmants ; la ville est entourée de verdure, on dirait que la Suisse n’est que verdure, c’est un plaisir de respirer et de voir autre chose que du béton ; c’est animé, plein de petits restaurants et de café qui mériteraient d’être découverts. J’ai un petit coup de coeur pour un parc, où les touristes comme les locaux se posent pour prendre le temps de vivre.

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Bref, je n’ai pas eu de coup de foudre pour Coire, mais ça reste une ville que j’aimerais bien re-découvrir, en prenant le temps.

8h32 : tous à bord !

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Le lendemain matin, la malchance s’accroche encore un peu. Il pleut à torrent, alors que, me fiant à la météo, je n’ai emporté que deux petites robes d’été. Tant pis, j’ai les espadrilles trempées. Ce qui m’ennuie davantage, c’est que les superbes vitres panoramiques dégoulinent d’eau… et qu’on ne voit rien !

Tant pis, je suis po-si-tive. Le trajet dure quatre heures, ce serait un comble de malchance que la pluie dure réellement tout le voyage. Effectivement, Eole finit par avoir pitié de moi et les vents dispersent les nuages.

bernina express

La première heure de voyage n’est pas franchement haletante. C’est joli, mais on voit quand même beaucoup de ville et de construction moderne. Tout le long du voyage à bord du Bernina Express, on croisera de nombreux villages en plein travaux. Les grues et les tas de sable ne sont pas franchement photogéniques.

Rapidement, cela dit, je me laisse envoûter par la beauté des paysages. Le Bernina Express est le train idéal pour se rendre compte de la beauté naturelle de la Suisse. C’était ma première fois dans ce pays, mais j’ai très envie de revenir, même si ça coûte très cher.

Au menu de ces 122 kilomètres de voyage entre Coire et Tirano : trois lacs, 55 tunnels, 196 ponts, un café à 4,50 CH (un peu moins de 4,50 euros, quelle blague), quelques milliers de sapins et autant de sourires d’enfants sur ma bouille de trentenaire. On grimpe, découvre des lacs au creux des montagnes. On traverse littéralement les montagnes pour aller toujours plus haut. On alterne entre la brume et le ciel dégagé, impossible de décider quel temps habille le mieux la nature suisse, tout est superbe. Le mieux est encore de laisser les photos faire le récit.

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ITALIA, MI AMORE : arrivée à tirano

La partie ferroviaire du Bernina Express s’arrête dans la petite ville italienne de Tirano. Pourtant, si vous regardez sur Internet, on vous vendra que le Bernina Express relie Coire à Lugano, une autre ville Suisse. La partie entre Tirano et Lugano s’effectue en « bus panoramique ». Il est sans doute magique de parcourir ces routes et de longer le Lac de Côme en bus panoramique, mais je n’en avais pas le temps. Je me suis donc arrêtée à Tirano.

Tirano n’est pas franchement la ville la plus intéressante d’Italie. Si vous avez déjà connu Rome, Venise ou Milan, Tirano ne vous donnera pas de frisson. Son principal attrait : la dolce vita typique des Italiens, dans l’écrin des Alpes, à quelques kilomètres de la frontières suisse. Ne pensez pas, malgré le ton un peu blasé de ce paragraphe, que je n’ai pas aimé Tirano. Le charme de l’Italie opère toujours sur moi et dès que je mets les pieds dans ce pays, je me sens bien.

On est dimanche, la rue principale est occupée par un marché, ça discute et ça s’apostrophe dans tous les sens. L’église de la Madone est belle.

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Une bonne nuit de sommeil dans une chambre minuscule, puis c’est l’heure du départ. Je fais tout simplement la route dans l’autre sens, avec le train qui part à 14h26. On arrive un peu après 18h20, je récupère la voiture puis je file à Dijon, le travail reprend demain !

C’était assez chouette de refaire le chemin, car je savais déjà quels étaient les passages qui m’avaient le plus enchantés et je les anticipais.

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En quittant la Suisse, j’ai eu droit à un bonus : des nuages incroyables s’accrochant dans les montages. Tout simplement magique !

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TRUCS ET ASTUCES

« Dans le train, un pervers réserve toujours sa place dans le wagon de queue », disait ce coquin de José Artur. C’est justement ce que je vous conseille. J’ai payé 156 CH (environ 150 euros) pour l’aller-retour. Au moment de la réservation sur Internet, vous pouvez choisir votre place (encore heureux !). J’ai pris le wagon 6, celui en bout de train. Les wagons 1 et 2 sont réservés à la première classe, qui n’était pas dans mes moyens. L’avantage en étant en queue de train, c’est quand dès qu’il y a une belle courbe sur le trajet, vous avez une superbe vue sur le Bernina Express dans toute sa longueur. À noter qu’au retour, j’ai pris la même place et mon wagon était le plus proche de la locomotive. J’ai pu avoir tous les cas de figure !

Autre avantage : alors que les wagons de 1 à 4 étaient bondés, le mien était vide aux deux tiers. J’ai donc pu naviguer entre la gauche et la droite du wagon selon l’endroit où la vue était la plus belle. D’ailleurs, à ce propos : il n’y a pas de meilleur côté, la droite comme la gauche du train offrent chacune leur tour de magnifique panorama.

Un « truc » : n’hésitez pas à prendre la place à côté de l’endroit où l’on stocke les bagages : les rangements à bagages sont assez bas et ils ne masquent pas la vue, donc vous pourrez accéder aux deux côtés du train facilement et sans gêner les autres passagers.

Hôtels

COIRE. J’ai passé une nuit au Drei Königen. 65€. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce ne fut pas une bonne expérience. Lit une place, matelas de mauvaise qualité, chambre très mal meublée. Je ne serai pas surprise qu’ils aient choisi les meubles les moins chers, dans le magasin le plus discount qu’ils aient pu trouver. Pas de toilettes, ni de douche dans la chambre. Une seule toilette et une seule douche par étage, avec un panneau : « shower is free ! ». Sans blague ? Tout ça pour 65 euros la nuit. Jamais je n’y remettrai les pieds. Les deux seuls points positifs : la gentillesse de la réceptionniste et le buffet du petit-déjeuner (compris, le petit-déjeuner, quel miracle), qui était très bon.

TIRANO. Hôtel Corona, à cinq minutes à pied de la gare. Là encore, c’est pas brillant-brillant. Quand je voyage, je préfère mettre de l’argent dans les expériences comme le Bernina Express ou un séjour un peu plus long, plutôt que dans l’hôtel. Cela dit, j’ai des limites. Les toilettes sont dans la chambre, mais la chambre est très petite. Encore un mauvais lit. Une mauvaise aération, donc il fait lourd dans la pièce. C’est bruyant. Heureusement, pour cette chambre-ci, j’ai bénéficié d’une promotion sur un site de comparateur d’hôtels bien connu. Je ne paye que 35 euros.

Je n’ai donc malheureusement pas de bonnes adresses à vous recommander en termes d’hôtels, mais au moins vous saurez lesquels éviter !

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